Quels sont les effets de la radiothérapie pelvienne sur les tissus érectiles féminins ?
La radiothérapie pelvienne (utilisée dans de nombreux cancers gynécologiques, urologiques ou région ano-rectale) induit des effets aigus (inflammation, œdème) puis des effets chroniques (atrophie tissulaire, fibrose, réduction de la vascularisation, altération de la sensibilité). Ces changements touchent classiquement la muqueuse vaginale (raccourcissement, sténose, sécheresse) mais peuvent aussi affecter les tissus érectiles adjacents, dont le complexe clitoridien. Certaines patientes décrivent ainsi une diminution de l’engorgement clitoridien, une baisse de la sensibilité ou des douleurs à la stimulation.
Un organe encore trop absent des protocoles et des études
Pourtant, le clitoris reste le grand oublié de la littérature sur la radiothérapie pelvienne. Les études sont majoritairement centrées sur la fonction vaginale, alors que les tissus érectiles clitoridiens, tout aussi sensibles aux altérations vasculaires et nerveuses, sont très peu évalués.
Dans certains contextes cliniques, on affirme même à tort que le clitoris ne serait pas impacté, au motif que « seule la cavité vaginale est touchée » ou que « la dose reçue au clitoris est faible ».
Ces indications sont souvent basées sur des hypothèses et non sur des données mesurées :
- les atlas anatomiques utilisés en radiothérapie ne représentent pas toujours correctement le clitoris interne
- les volumes cibles et les organes à risque ne le prennent pas systématiquement en compte
- peu d’études évaluent la dose réellement reçue par ses structures internes
- aucune recommandation standardisée n’existe pour son suivi fonctionnel.
Autrement dit, l’absence de preuve ≠ une preuve d’absence d’impact…
Cette invisibilité contribue à un cercle silencieux :
- ce qui n’est pas étudié n’est pas décrit
- ce qui n’est pas décrit n’est pas reconnu
- ce qui n’est pas reconnu n’est pas pris en charge.
Pendant ce temps, des femmes vivent des changements sensibles, corporels, émotionnels, souvent sans validation clinique de ce qu’elles ressentent.
Il est essentiel de sortir le clitoris de sa zone d’ombre médicale.
Non pas pour « parler sexualité » au sens décoratif, mais pour parler santé, dignité et qualité de vie.
Sources : Female erectile tissues and sexual dysfunction after pelvic radiotherapy: a scoping review